Vous vous dites : « J’ai passé la journée assis à gérer des dossiers et des problèmes, et je suis épuisé. Je ne comprends pas pourquoi. »

L’erreur que vous faites est assez simple. Vous ignorez que penser requiert de l’énergie… beaucoup d’énergie… en fait, énormément d’énergie.

Nos magnifiques cerveaux qui ne représentent que 2 % du poids de notre corps dépensent, en période de travail mental intense, 30 % de notre énergie totale. C’est l’équivalent de la dépense énergétique de nos muscles.

Là, je vous entends penser : « Denis, es-tu en train de me dire que mon cerveau dépense des calories ? »

Réponse : OUI !

Je vais pousser la réponse encore plus loin. Chaque pensée que vous générez existe parce que vos neurones ont utilisé l’énergie chimique cachée dans les glucides afin de produire cette même pensée. Sans cette énergie, aucune pensée n’existerait.

N’est-ce pas fascinant ?

Allons encore un peu plus loin. Imaginons que votre métabolisme de base (qui est la quantité d’énergie nécessaire pour que les milliards de cellules de votre corps accomplissent leur travail) soit de 1600 calories par jour. Puisque votre cerveau utilise 30 % de cette énergie pour penser et maintenir les fonctions autonomes de votre corps, cela veut dire qu’il dépense 480 calories. Je vous rappelle que c’est l’équivalent de la dépense énergétique de vos muscles.

Penser requiert énormément d’énergie.

Il est facile de comprendre que lorsque vous faites de l’exercice, la dépense énergétique en lien avec l’effort engendre une certaine fatigue. Alors pourquoi est-il si difficile de comprendre que penser, qui implique une dépense énergétique importante, produise à son tour une certaine fatigue ? Parce que rares sont les personnes qui comprennent que le cerveau dépense autant de calories pour penser.

Maintenant, il existe quelque chose d’encore plus troublant et merveilleux à la fois. Notre corps ne réagit pas à la réalité, mais aux pensées que nous entretenons.

Lorsque vous entretenez des pensées négatives, ruminez des problèmes, ressentez de la peur, craignez les conséquences d’une action, vous affrontez un stress. Même si ce stress n’est pas aussi réel qu’un lion qui s’apprête à vous sauter dessus pour vous dévorer, votre corps ne fait pas la différence. Un stress mental (émergeant des pensées que vous entretenez) est un danger, au même titre que le lion devant vous.

Il existe pour votre corps deux moyens d’affronter le danger : lutter ou fuir. À l’époque lointaine où nos ancêtres étaient des chasseurs-cueilleurs, affronter le lion se concluait à l’intérieur de 10 minutes. Il n’existait que des conclusions rapides : sois notre ancêtre réussissait à fuir, ou à tuer le lion, ou c’est le lion qui le déchiquetait. Fin de l’histoire.

Aujourd’hui, notre société moderne est très différente. Les problèmes que nous rencontrons et le stress que nous vivons sont récurrents. Nous vivons les conséquences du phénomène de l’inhibition de l’action. Cette étrange problématique pour le corps qui nous empêche de lutter ou fuir. Ainsi, nous affrontons certains problèmes jour après jour, semaine après semaine, moins après mois et parfois année après année, sans que nous puissions lutter ou fuir.

Lutter ou fuir nécessite à son tour beaucoup d’énergie, car le seul moyen pour accomplir l’un ou l’autre est d’utiliser nos muscles pour nous battre ou courir le plus vite possible. Cela implique l’utilisation d’une quantité impressionnante de glucides afin de fournir à nos muscles l’énergie nécessaire dont ils ont besoin. Au même instant, des hormones de stress sont libérées afin d’augmenter notre rythme cardiaque, assurer la libération et l’utilisation des glucides et guérir d’une possible infection à la suite d’une blessure.

Mais rappelez-vous, nous sommes dans le monde moderne. Nous entrons trop souvent en mode « inhibition de l’action ». Ce qui veut dire que nous ne luttons ou ne courrons pas. Nous demeurons sur place à ne rien faire, alors que notre corps se trouve dans une situation où il est prêt à fournir un effort intense.

Pendant que vous êtes assis, parce que vos pensées engendrent un stress que votre corps perçoit comme un danger, il envoie à vos muscles l’énergie essentielle pour se battre ou courir. En revanche, vous ne bougez pas, car vous êtes en inhibition de l’action. Vous devriez courir à toutes jambes ou frapper l’ennemi, mais il n’existe que dans votre esprit. Votre corps ne fait pas la différence.

Dans cette situation de combat interne sans mouvement, votre corps vide ses réserves énergétiques, tout comme une personne qui s’entraîne.

L’épuisement mental est un terme qui ne reflète pas du tout la réalité. L’épuisement mental est principalement un épuisement physique, car vous utilisez de l’énergie pour penser et certaines de vos pensées obligent votre corps à se placer en situation de lutte ou fuite, même si pour lui aucune de ses options n’est possible, en raison de l’inhibition de l’action.

Votre corps fournit un effort physiologique de haute intensité alors même qu’il ne bouge pas.

Penser requiert autant d’énergie que bouger. Voilà la vraie nature de l’épuisement mentale… Pardon, de l’épuisement physique.

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