Le bien-être en milieu de travail : une vieille notion à la sauce moderne

Les fins des années 80 et le début des années 90 ont été marqués par des publications scientifiques passionnantes concernant la promotion de la santé en milieu de travail. À cette époque, l’entreprise Dupont faisait office de précurseur dans ce domaine.

Fier de mes études dans le domaine de la santé, je lançais en 1999, avec un collègue, une entreprise offrant des services de promotion de la santé en milieu de travail. Vous vous dites probablement que l’entreprise a connu dès le départ un succès flamboyant, mais la réalité était bien différente.

Aucune entreprise ne s’intéressait à la promotion de la santé en milieu de travail. Même si je présentais les études qui démontraient un excellent retour sur l’investissement, cela n’intéressait personne.

Puisque je voulais que notre petite entreprise survive, je me suis demandé ce qui ne fonctionnait pas dans notre approche. La réponse a été simple : promouvoir la santé des employés n’avait rien d’attrayant.

À cette lointaine époque, pour promouvoir nos activités, j’organisais des dîners conférence où je parlais de promotion de la santé et j’envoyais les invitations par fax (une technologie qui remonte à l’époque des dinosaures). J’ai donc fait un test. J’ai conservé le même contenu et j’ai changé le titre pour : comment réduire l’absentéisme en milieu de travail ?

Un succès instantané. Pour les entreprises, la santé et le bien-être des employés n’avaient rien d’attrayant pour les employeurs, mais l’absentéisme leur parlait, car il faisait mal à leurs finances. À cette époque où la seule utilité d’un employé était de permettre à l’entreprise d’atteindre ses propres objectifs, le bien-être des employés n’avait pas la cote. Pourquoi en aurait-il été autrement, alors qu’à cette époque les gens se « battaient » pour s’arracher les emplois disponibles ?

Mais aujourd’hui, le monde a changé. Il y a pénurie de main-d’œuvre. Ce sont les gens qui choisissent l’entreprise pour laquelle ils travailleront. Si ça ne fait pas l’affaire, pas de pitié, il suffit de partir sans rien dire et d’aller travailler pour un autre employeur.

C’est ainsi que l’entreprise moderne, si elle veut attirer de nouveaux employés et les garder, doit s’intéresser à ce facteur qui avait si peu d’importance à l’époque : leur bien-être.

Le bien-être en milieu de travail est devenu un aspect essentiel de la réussite d’une entreprise. Les employeurs redoublent d’efforts afin de trouver des stratégies qui permettront aux employés de se sentir bien et heureux dans leur milieu de travail.

Vous vous demandez sûrement pourquoi il faut que ça affecte le porte-feuille des entreprises avant qu’elles ne réagissent ?

La réponse est simple. Dans tous les domaines de la vie, rares sont les personnes qui agissent en prévention. La prévention qui est l’art de faire en sorte qu’il ne se passe rien. La plupart des gens attendent d’être malades avant de faire un changement dans leurs habitudes de vie. Beaucoup ne changeront rien malgré tout. La nature humaine est ainsi faite. Comme les entreprises sont dirigées par des humains, c’est seulement quand le problème fait mal qu’il engendre une réaction.

Ces forces actuelles qui obligent les employeurs à agir pour le bien-être de leurs employés, c’est merveilleux. Mais, une question demeure : comment garder ce juste équilibre entre bien-être et productivité ? On ne peut effacer la réalité qui régit une entreprise. Elle doit être rentable pour continuer d’exister.

Cela nous ramène à ce qui a été fait à l’époque de la promotion de la santé en milieu de travail. Il faut mesurer l’impact du programme mis en place afin de déterminer le retour sur l’investissement. Oui, je crois au bien-être en milieu de travail, mais il doit être quantifié.

Les efforts, le temps et les ressources que vous investissez dans votre projet de bien-être en milieu de travail, produisent-ils les résultats escomptés ? Il faut que vous soyez capable de répondre à cette question et pour cela, il faut mesurer. Sinon, vous dépensez de l’argent pour une simple croyance. Et il faut se rappeler qu’une croyance n’est pas quantifiable.

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