Le métabolisme de votre entreprise

Rares sont les personnes qui imaginent qu’une entreprise est un organisme vivant. Il existe une similitude impressionnante entre le fonctionnement du corps humain à l’effort et une entreprise.

J’entre dans mon domaine de prédilection, la physiologie de l’exercice. Pour fonctionner, un corps a besoin d’énergie. Énergie qui provient des protéines, lipides et glucides qu’il consomme.

Cette énergie lui permet d’accomplir une somme de travail donnée : penser, marcher, faire de l’exercice, travailler, etc.

Quand le corps humain travaille ou fait de l’exercice à basse intensité, il peut répondre à la demande pendant de nombreuses heures sans s’épuiser. Mais, si l’intensité augmente et dépasse un certain seuil, le corps se vide de ses réserves énergétiques. Il entre dans une zone où la résultante sera inévitablement l’épuisement.

Si vous êtes un athlète, cette zone apparaîtra à plus haute intensité qu’une personne sédentaire. Un athlète, par son entraînement a augmenté sa capacité à utiliser son énergie afin de produire un travail de plus haute intensité, sans s’épuiser.

Donc, un corps humain peut produire un travail de basse intensité ou de haute intensité, mais quand il franchit son seuil critique, même s’il possède la plus grande motivation du monde, arrivera un moment où il ne pourra plus répondre à la demande. L’épuisement l’aura emporté. C’est la nature du métabolisme humain.

Votre entreprise possède aussi son propre métabolisme. Elle offre un produit ou un service qui nécessite pour sa réalisation de l’énergie. Cette énergie ne vient pas sous forme de calories, mais sous forme d’une valeur énergétique qu’on appelle : l’argent.

Lorsque votre entreprise rapporte plus d’argent qu’elle n’en dépense, son métabolisme lui permet de répondre à la demande sans épuiser ses réserves énergétiques.

Si votre entreprise dépense plus d’argent qu’elle n’en fait, elle commence alors à vider ses réserves énergétiques. Sur la base de l’espoir que les choses iront bien dans le futur, l’entreprise peut obtenir des prêts et attirer des investisseurs afin de compenser le manque d’énergie (ce qui n’est pas accessible au corps humain cependant).

Cette entrée d’énergie est bénéfique à court terme, mais elle implique que l’entreprise devra faire davantage d’effort pour rembourser cette énergie empruntée. Dans l’éventualité où l’entreprise dépense plus d’énergie pour répondre à cette demande supplémentaire et que malheureusement, l’entrée d’énergie (argent) provenant de la vente de ses produits ou services ne s’accroît pas suffisamment, elle rencontrera son seuil critique.

À partir de ce moment, les efforts qu’elle fournit ne lui servent qu’à lutter contre l’endettement, les dépenses et le manque de liquidité qui la gruge de l’intérieur. Si l’entreprise ne réalise pas un changement drastique et qu’elle se maintient au-dessus de son seuil critique, elle fera systématiquement face à la fin de son existence. Elle aura épuisé ses réserves énergétiques. Son métabolisme ne pouvant plus compenser, il a décompensé et en est résulté la mort de l’entreprise.

Sur le plan économique, la courbe d’évolution de l’endettement versus la croissance est similaire à celle d’un corps humain qui progresse vers un effort extrême.

En physiologie de l’exercice, nous pouvons prédire à quel moment une personne sera totalement épuisée. En économie, il est possible de faire la même chose auprès d’une entreprise.

Tout dans la vie est une question de métabolisme. N’est-ce pas fascinant ?

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