Mieux nous comprenons l’origine d’une problématique et plus il est facile d’agir en prévention. Avant d’approfondir le sujet, je me permets de vous donner ma définition préférée de la prévention : faire en sorte qu’il ne se passe rien. Avouez qu’elle évoque parfaitement ce que doit être la prévention.

En termes plus scientifiques, cette définition réfère à la prévention primaire. La prévention secondaire implique d’agir après que le problème se soit présenté, afin d’aider l’employé à guérir et de corriger les facteurs du milieu de travail qui ont contribué à la blessure. La prévention tertiaire est celle qui indique que nous avons attendu trop longtemps avant d’agir et que nous agissons maintenant de manière que le problème ne s’aggrave pas.

Vous le devinez facilement, agir en prévention primaire demeure à tous les niveaux la stratégie la plus rentable pour l’employeur et les employés.

Agir en prévention primaire implique d’agir rapidement. Le meilleur moyen pour que cela se produise est à mon avis de former des employés à l’interne afin qu’ils deviennent capables d’évaluer les risques de blessures et d’apporter des correctifs rapides.

Vous pensez qu’il s’agit d’une tâche compliquée, mais en fait, lorsque vous comprendrez le principe de base, vous pourrez mettre vos nouvelles connaissances en application rapidement et efficacement.

Pour cela, il suffit de comprendre deux choses simples : le centre de gravité et le centre de masse.

Le centre de gravité est l’endroit où le poids de votre corps est centralisé. Cet endroit se situe aux alentours de votre nombril. Quant à lui, le centre de masse est la direction vers laquelle le poids de votre corps est dirigé.

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Lorsque vous êtes debout, les jambes légèrement écartées en vous tenant droit, votre centre de masse est aligné avec votre centre de gravité et aucune force excessive ne s’applique sur vos muscles, tendons et articulations.

Cependant, si penche le corps vers l’avant, mon centre de masse se déplace dans la même direction. Ainsi, il n’est plus aligné avec mon centre de gravité. Si je ne bouge pas les pieds, pour éviter que mon centre de gravité rejoigne mon centre de masse, puisque cela impliquerait une chute vers l’avant, les muscles de mon dos doivent se contracter afin que je puisse rester dans cette position précaire. Mon dos supporte alors une charge importante et les risques de blessures augmentent considérablement.

Le meilleur moyen alors d’agir en prévention est de placer un appui près de la direction du centre de masse. Ainsi, le simple fait d’avancer une jambe règle instantanément le problème.

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Imaginons une autre situation maintenant. Je me tiens debout. Mon centre de masse est aligné avec mon centre de gravité. Je tiens un poids de 3 kg dans ma main droite et je soulève le bras droit devant moi.

Automatiquement, mon centre de masse se déplace en direction du poids que je tiens dans ma main.

Pour compenser la perte d’équilibre que cela engendre, les muscles de mon dos et de mon épaule se mettent sous tension. Une tension exagérée compte tenu de la position. Pour la réduire, j’agis de trois manières différentes et successives. Je plie le coude pour ramener le poids plus près de mon corps, donc plus près de mon centre de gravité, j’avance une jambe afin d’élargir mon appui au sol, et je me sers de l’autre main pour soutenir le poids. Je viens alors d’éliminer la pression excessive qui était appliquée à mon dos et à mon épaule. Ainsi, j’élimine les risques de blessures.

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Ce principe simple de prévention des blessures musculosquelettiques implique de réduire au maximum la distance entre le centre de gravité et le centre de masse, et nécessite deux actions principales :

• Avancer un pied en direction du centre de masse afin d’obtenir un appui au sol plus large, et donc plus stable et solide.
• Rapprocher les bras du corps le plus possible afin de rapprocher le centre de masse du centre de gravité.

Également, quand la possibilité se présente, soutenir la charge à deux mains permet de réduire la tension exercée sur les muscles, tendons et articulations d’un seul bras.

Vous connaissez maintenant ces bases, prenez le temps d’analyser votre propre façon de travailler, celles de vos collègues, ou de vos employés, et vous découvrirez rapidement comment améliorer les méthodes de travail.

Bien sûr, les mouvements varient grandement selon les tâches, mais ces principes de base demeurent toujours les mêmes.

Souvenez-vous que le meilleur moyen pour vous d’agir en prévention est de pouvoir appliquer à l’interne ces stratégies aussi rapidement et aussi souvent que nécessaire. Pourquoi attendre qu’un problème se manifeste quand vous possédez la capacité de faire en sorte qu’il ne se présente jamais?